Union Nouvelle des Syndiqués de la C.R.A.M. NORD-PICARDIE.
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NOUVELLE BREVE
LE COACHING Attention à l'abus de coaching
Le coaching ? Un des mots les plus utilisés du moment, une des activités les plus lucratives (+ 10 à 15 % par an), une des nébuleuses les plus floues. Selon la Société française de coaching, qui estime à près de 2 000 le nombre de coachs français, le coaching est «l'accompagnement de personnes ou d'équipes pour le développement de leurs potentiels et de leurs savoir-faire dans le cadre d'objectifs professionnels». Mais rien ne réglemente la profession. Tout le monde peut devenir coach et décider de s'occuper demain du «développement personnel» des salariés. Deux livres proposent aujourd'hui une analyse critique du phénomène. Le premier (1) est écrit «de l'intérieur» par Eléna Fourès, fondatrice il y a dix ans du cabinet de coaching Idem per Idem. Frappée par les dérives de sa profession, la coach a décidé de rédiger un «mode d'emploi antiabus». Son ouvrage recense les dérapages observés : dirigeants qui utilisent le coach pour pousser un salarié vers la porte ou pour obtenir des informations confidentielles, coachings «sauvages» réalisés par des intervenants sans expérience ni scrupules... D'après elle, le «boom» du coaching est inéluctable. «Tout le monde a accès aux mêmes avancées technologiques. Le seul moyen de se distinguer, c'est d'avoir un avantage humain, donc on exige toujours plus de ses cadres, et on utilise le coaching pour les rendre plus performants.» Face à ces «abus», Eléna Fourès propose plusieurs solutions : chartes éthiques, engagements de confidentialité. «Il faut surtout habituer les entreprises à être plus exigeantes vis-à-vis des coachs, à les tester, à les comparer...» Le deuxième ouvrage (2) est rédigé par une sociologue. Valérie Brunel, auteur d'une thèse sur le développement personnel en entreprise, a choisi la méthode de l'«observation participante» (présence en entreprise, suivie de cours de coaching) pour analyser les conséquences de ces nouvelles méthodes managériales. «Tout le propos du développement personnel en entreprise est de démontrer que la quête individuelle de bien-être va de pair avec l'accroissement de l'efficacité collective», écrit-elle. Un «leurre» efficacement démonté dans l'ouvrage. Placer le coaching individuel au coeur des solutions managériales revient à négliger l'importance de l'organisation et des relations de pouvoir. Certes, le développement personnel peut être une avancée lorsqu'il permet de mieux déployer ses compétences. Mais il «semble salutaire», écrit Valérie Brunel, «de garder à l'esprit que la relation de travail reste une relation de subordination, que l'organisation est un monde structuré par les contradictions, et que celles-ci doivent pouvoir s'exprimer, au besoin par le conflit.» 1) Petit Traité des abus ordinaires, Editions d'organisation, 18 €. (2) Les Managers de l'âme, La Découverte, 20 €. OBSERVATION Nous avons connu divers épisodes vantant les mérites d'une méthode révolutionnaire visant à gérer les hommes et les femmes dans l'entreprise CRAM. Pour mémoire, la méthode dite "Management participatif", la relation "client / fournisseur" et ses stages divers que certain(e)s se souviennent sous l'appellation "Pinto". Voici que dans le cadre de certaines difficultés relationnelles (nous restons prudent sur cette définition), la CRAM accorde un certain crédit au "coaching". Nous restons sceptiques vis-à-vis de ce processus, mais au demeurant, interrogateurs quant au rapport qualité / coût de cette méthode, sachant qu'elle ne s'adresse qu'à un/des cadre(s), alors que pour les employés subalternes, la réponse est parfois beaucoup plus expéditive et surtout exempte de coût pour l'entreprise. Alors..........deux poids, deux mesures...........sans aucun doute.
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